mercredi 8 mars 2017

4 femmes qui ont fait l'Histoire


Le 8 mars est la Journée internationale des droits des femmes. Je ne savais pas trop comment en parler sur ce blog, quel type d'article rédiger, avant de choisir de mettre en avant quelques femmes de l'Histoire. Difficile d'en choisir sur plusieurs millénaires, ce choix va être subjectif et je vais vous présenter quatre femmes fortes de l'Histoire, connues, mal connues. Elles ont façonné l'Histoire à leur manière, j'ose espérer que leurs noms vous disent quelque chose, même vaguement. Apprenons à mieux les connaître ensemble.


Le 28 février 1909, une « Journée nationale de la femme » (National Woman's Day) naît aux États Unis, avant que le mouvement ne se démocratise jusqu'à en faire une journée internationale en 1911. Le but ? Non pas de créer des promotions, offrir des fleurs aux femmes ou de leur souhaiter bonne fête, mais pour mettre en lumière les progrès à faire en matière d'égalité, mais aussi les avancées en la matière.

Pour mon choix du jour, j'ai vaguement tenté une personnalité par grande période historique, pas très original mais qui a fait ses preuves. Au moins, j'ai tenté de diversifier les personnalités et les époques, c'est déjà un bon point pour moi, non ? Bon, je fais place à ces femmes de l'Histoire.


1/ Agrippine la Jeune



Oui, on commence fort avec celle qu'on connaît principalement comme la mère de Néron. Oui, ce n'est sans doute pas sa plus grande réussite, c'est sûr … Née le 6 novembre 15 (ap JC), Julia Agrippina est entourée d'empereurs romains : sœur de Caligula, épouse de Claude et mère de Néron. Fille du général romain Germanicus, celui-ci s'attire les foudres de l'empereur Tibère et meurt, sans doute sur ses ordres ; sa mère est exilée ; deux frères sont emprisonnés. Agrippine, quant à elle, se voit forcée d'épouser Cneius Domitius Ahenobarbus, de 30 ans son aîné. Le 15 décembre 37, Agrippine accouche de son unique enfant, le futur Néron. Cette même année, Tibère meurt et c'est le dernier frère d'Agrippine qui devient empereur : Caligula. Couverte d'honneurs comme ses autres sœurs, Agrippine en profite un peu trop et se voit accusée d'adultère et même de complot contre son frère impérial en 39, elle part donc en exil dans les îles Pontines, revient à Rome, puis repart en exil. Veuve, elle se remarie mais l'époux, immensément riche, meurt en 47, et des rumeurs d'empoisonnement de la part d'Agrippine se répandent.

Elle ne garde pas sa liberté bien longtemps. L'empereur Claude, qui a succédé à Caligula, souhaite se remarier. Et si vous ne le saviez pas, la dynastie des julio-claudiens aiment se marier entre eux, donc ça tombe bien, car Claude est l'oncle d'Agrippine ! Hop, le mariage est conclu en 53. Intrigante, elle se sert de Claude et de sa position pour s'enrichir, déposséder des notables et éliminer ses rivales. Mieux encore, elle réussit à convaincre son mari d'adopter Néron ! La voie est toute tracée pour que son fils devienne empereur, et elle empoisonne Claude le 13 octobre 54. La voici maintenant mère d'empereur pour mieux régner. Seulement, son fils veut l'écarter du pouvoir, voire même l'assassiner. Il essaye à plusieurs reprises, mais sans succès. Durant les fêtes de Minerve, Néron prête une galère à sa mère, mais le bateau se disloque et coule. Seulement, ô surprise,Agrippine savait nager et put regagner la berge. Alors Néron recourut à une méthode simple et qui a fait ses preuves : l'assassinat (Jules César le confirme). Trop ambitieuse pour son fils et pour elle-même, Agrippine n'a malheureusement pas vu que son fils était bien pire qu'elle …


2/ Christine de Pizan




Elle a prouvé que les femmes pouvaient s'affirmer à l'époque médiévale, loin des clichés. Née à Venise en 1364, la jeune Christine quitte rapidement la cité des Doges car son père, Tommaso da Pizzano (dit Thomas de Pizan) part pour la France en 1368 pour devenir le médecin et astrologue du roi Charles V de France, il emmène avec lui sa femme et ses trois enfants. Son père a remarqué que Christine a le goût des études, aime apprendre, et il pousse sa fille dans des études bien supérieures aux jeunes filles de l'époque. Intelligente, Christine est initiée bien sûr à la musique et la poésie, mais aussi aux langues (italien, français, latin), la philosophie, l'histoire, … Pourtant, elle regrettera de n'avoir pu avoir une éducation davantage approfondie, et elle comblera elle-même ses lacunes.

Mais nous sommes au 14e siècle, et les règles sont assez strictes : une jeune fille doit faire un bon mariage. Plusieurs hommes ont demandé sa main, appréciant ses qualités d'écriture, sans oublier la position enviée de son père. Ce dernier lui impose Étienne de Castel, issu d'une belle famille de Picardie, jeune homme de 24 ans, Christine en a 15 et ils se marient en 1380. Mais le 13 septembre 1380, le roi Charles V meurt et Thomas de Pizan n'est plus si bien vu à la Cour, les finances familiales deviennent inquiétantes. Puis en 1387, Thomas et Etienne meurent à leur tour, laissant Christine de Pizan seule avec sa mère, trois enfants et une nièce à charge. Pendant une dizaine d'années, Christine se bat contre l'abattement du deuil, les procès, les soucis financiers. De plus, elle décide de ne pas se remarier et veut vivre de sa plume « de femelle devins masle ». Puis la chance tourne à nouveau car elle reçoit la protection et des commandes de Jean de Berry, frère du défunt roi, et Louis 1e d'Orléans, frère de Charles VI de France. Pendant environ 15 ans, Christine de Pizan produit une grande quantité d’œuvre, dont le Le Livre des fais et bonnes mœurs du sage roi Charles V en 1404 sur demande du duc de Bourgogne, Philippe le Hardi.

Mais Christine profite de sa position pour mener un combat en faveur des femmes. En premier lieu, elle s'attaque à Jean de Meung, auteur du Roman de la Rose, grande œuvre littéraire du moment, où elle juge indigne la représentation des femmes. Il ne s'agit pas de modifier l'ordre et la place de la femme dans la société, mais plutôt sur la réputation des femmes, souvent maltraitées par des écrivains misogynes. De plus, elle pense que l'inégalité entre homme et femme n'est pas du à la nature, mais davantage à l'éducation et aux représentations faites par les hommes. Cette pensée est exprimée dans La Cité des dames, publié en 1405 et Le Livre des trois vertus à l'enseignement des dames.

Christine de Pizan est reconnue comme une écrivaine renommée, ses écrits sont diffusés, copiés, traduits à travers l'Europe entière. Mais la terreur bourguignonne de 1418 fait trembler le royaume de France, et elle se réfugie au monastère de Poissy. Elle y rédige le Ditié de Jeanne d'Arc en 1429 et meurt l'année d'après en 1430. Écrivaine, poétesse, une féministe avant l'heure, Christine de Pizan a marqué son temps par son talent et sa position originale.


3/ Émilie du Châtelet




On reste dans les femmes intellectuelles avec Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise du Châtelet. Plus de lettres, place au monde des mathématiques et à la physique ! Tout au long de l'époque moderne, les femmes ont développé les salons où il est de bon ton de venir montrer ses talents intellectuels, où les femmes avaient une place importante. Et à l'époque des Lumières, les femmes continuent à essayer de s'imposer. Née 17 décembre 1706 dans une famille aisée, fille du comte de Breteuil et d'une dame de Froulay, mais aussi très ouverte d'esprit. Tout comme Christine de Pizan, le père d’Émilie veut lui inculquer une bonne éducation en lui faisant apprendre les arts comme toute fille de la noblesse (clavecin, danse, chant d'opéra), mais les langues (latin, grec, allemand) et côtoie le poète Jean-Baptiste Rousseau, ami de ses parents.

Mais comme toute jeune fille de son époque, il lui faut un mari : il s'agit de Florent Claude du Châtelet, de dix ans son aîné. Un mari peu gênant, il laisse son épouse aller à envies intellectuelles, tandis qu'il vaque à sa carrière militaire. Émilie du Châtelet découvre une nouvelle passion en compagnie du mathématicien Marcel de Mézières, et ne cessera de mener ses expériences. Malgré tout, elle donne trois enfants à son époux, et entretient une liaison avec Voltaire. Le philosophe encourage Émilie a continuer ses travaux et approfondir ses connaissances en physique. Il faut le dire, les mathématiques et la physique, appelés la « Philosophie Naturelle », sont un monde presque exclusivement masculin, Émilie du Châtelet devient une des premières scientifiques de sexe féminin à avoir une influence, et encore aujourd'hui. Toujours poussée par Voltaire, elle entreprend la traduction des Principia Mathematica de Newton.

Malheureusement, elle meurt le 10 septembre 1749, après un accouchement difficile. C'est Voltaire qui publie sa traduction de Newton, comme œuvre de postérité de sa chère amie. Émilie du Châtelet était une femme hors de son temps, scientifique dans un monde d'homme, femme libre bien que mariée, aussi intellectuelle que coquette car elle avait une tendance à cumuler les chaussures, robes (surtout à nœuds) et les bijoux. Une femme a multiples facettes en somme.

4/ Marie de Miribel




Cette dernière, j'ai connu son nom avec la création du tramway, et j'ai découvert qui elle était lors de mes recherches sur les cimetières parisiens. Voici une femme qui a consacré sa vie pour les autres et, comme beaucoup d'autres, n'ont pas vraiment connu la gloire. Marie de Miribel naît en 1872 dans une famille aisée, sa mère est Henriette de Grouchy et son père le général Joseph de Miribel, ayant servi Napoléon III pendant la guerre de Crimée ou la campagne d'Italie de 1859. Après ses études au couvent de la Visitation, la jeune femme se tourne vers les plus pauvres et leur en vient en aide. La rencontre avec l'abbé de Gibergues, fondateur de l'œuvre des Missions diocésaines, est un déclic et il la met en contact avec les familles pauvres de la paroisse de Charonne, dans le 20e arrondissement.

En 1907, elle crée la Maison de l'Union, un dispensaire pour soigner les plus démunis, car le quartier de Charonne est ravagé par la tuberculose et la syphilis. En 1912, elle entame la construction de l'hôpital de la Croix Saint-Simon et la chapelle Saint Charles attenante. La Première Guerre Mondiale ralentit les travaux. Pendant ce temps, Marie devient infirmière sur le front. Le centre antituberculeux ouvre en 1918 et l’hôpital en lui-même en 1920, il est même reconnu d'utilité public ! Marie de Miribel reste au chevet des malades, est appelée même la « sainte du quotidien » tandis que les Franciscaines Missionnaires gèrent l’hôpital.


Mais son histoire ne s'arrête pas là. Durant la Seconde Guerre Mondiale, Marie de Miribel devient conseillère municipale de 1941 à 1944, s'engage dans la Résistance auprès du comité de liaison des services sociaux. Après la libération, plusieurs milliers de déportés de blessés de guerre passent par son dispensaire qu'elle continue d'agrandir et moderniser. Elle meurt le 7 novembre 1959 et est enterrée dans le cimetière paroissial de l'église Saint-Germain de Charonne, dans son uniforme d'infirmière de la Grande Guerre. « Honneur, pas d'honneur » fut sa devise et cette grande dame a refusé toute distinction (Croix de Guerre, Légion d'Honneur … ) et a passé sa vie à se consacrer aux autres.

2 commentaires:

  1. Quel bel article : tu as très bien choisi tes quatre sujets. Les lettres et les sciences pour Christine de Pisan et Mme du Châtelet...la politique pour Agrippine, qui fut la mère de Néron et une petite-fille de Marc-Antoine, ce qui n'est pas rien ! !
    Et merci pour la notice biographie de Marie Miribel, qui symbolise le don de soi et dont je ne savais rien. :)

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  2. C'est comme si tu avais écrit cet article spécialement pour moi ! Je m'intéresse beaucoup à l'Histoire, et notamment à l'Histoire des Femmes.
    Si à l'avenir tu souhaitais écrire de nouveau sur des femmes, je serai la première lectrice de ces articles (bien que tu n'écrives pas que sur les hommes non plus) ;-)

    Je suis heureuse de lire quelque chose sur Agrippine, dont je n'entends pas beaucoup parler. Merci de me parler de Christine de Pizan, dont j'entends parler depuis seulement peu de temps. J'ai très envie de lire ses livres du coup. Je sais qu'un de ses écrits a été au programme de l'agrégation. Tu les as lu toi ?
    J'adore la figure de Mme du Châtelet ! Et merci pour la découverte de Marie Miribel, dont je n'ai - malheureusement - jamais entendu parler.

    Tu l'auras compris, j'ai adoré cet article ;-)

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