vendredi 2 décembre 2016

2 décembre 1804 : Sacre de l'empereur Napoléon 1e


Napoléon Bonaparte a toujours vu grand, au point de devenir empereur et se couronner à Notre-Dame de Paris. Ce 2 décembre 1804, plus de six mois après l'instauration du Premier Empire, il est temps de faire les choses bien et montrer qu'il est bien le chef. Il prend donc la cathédrale parisienne comme décor, invite toutes les grandes personnalités, même le Pape Pie VII est présent. C'est une journée cruciale pour le nouveau régime, chargée de symboles pour l'avenir et un beau doigt d'honneur à ses voisins (et ennemis) européens. Napoléon 1e montre que c'est lui le chef ! Revenons sur cette journée de sacre ensemble.


Juste avant de parler du couronnement, il est de bon ton de faire une très courte biographie de Napoléon Bonaparte pour que vous compreniez bien qu'il s'agit d'une belle ascension, fulgurante et toute en force. Il naît le 15 août 1769 à Ajaccio, petite ville d'environ 3000 habitants. Il fut le second enfant survivant du couple sur huit (et 14 en tout). Envoyé à l'école militaire de Brienne en 1779, il se montre déjà stratège et intelligent. Pourtant sa carrière patine jusqu'à la Révolution Française, le Directoire précisément où il est repéré par Paul Barras. Après avoir épousé Joséphine de Beauharnais, grande dame du Directoire, le 9 mars 1796, les campagnes militaires s'enchaînent, en Italie et en Égypte, tout comme les victoires. Devenu un homme fort, il organise un coup d’État le 18 brumaire an VIII, soit le 9 novembre 1799, et instaure le Consulat. Premier Consul, puis Consul à vie, Napoléon Bonaparte va encore plus loin : le 18 mai 1804, il se fait reconnaître comme empereur des français, sous le nom de Napoléon 1e. Je vous l'ai dit, c'est très succins comme biographie mais parler de petit noble corse à empereur en trente-cinq années seulement, ça vous pose un bonhomme. Il ne reste qu'à organiser un couronnement, pour rester dans la tradition et asseoir son pouvoir.

Pour commencer, le Pape Pie VII arrive à Fontainebleau le 25 novembre. La désormais impératrice Joséphine expose son souci au souverain pontife : elle n'est pas unie religieusement à son époux. A la hâte, dans la nuit du 1e au 2 décembre, un mariage religieux est organisé à la va-vite devant le cardinal Fesch. On peut enfin commencer la fête.

Comme je le disais, la cathédrale Notre-Dame de Paris, richement décorée aux armoiries impériales, d'abeilles et d'aigles, se remplit des invités de marque pour le sacre de l'empereur. Dehors, la population observe le cortège de carrosses. En tête, le maréchal Joachim Murat, gouverneur militaire de Paris, fit ébranler le cortège de vingt-cinq carrosses. Au milieu, le carrosse de l'empereur et l'impératrice, avec les princes Joseph et Louis à l'intérieur. Bien sûr, après il y avait des escadrons de carabiniers, cuirassiers, gendarmes d'élite ou encore les mamelouks de la garde impériale. Bref, on les voyait arriver de très loin !

Napoléon 1e s'habille très sobrement (non) : un manteau de velours rouge et d'hermine blanche, couronne de lauriers sur la tête et dans ses mains le sceptre et la main de justice, dans la pure tradition monarchique. Le manteau est tellement lourd qu'il a besoin de l'aide : ses frères Joseph et Louis la lui portent. Joséphine, porte une magnifique robe de style empire, brodée d'or, et aussi le même lourd manteau de velours et d'hermine, porté par les sœurs de l'empereur, Élisa et Caroline Murat. Ces dernières ne portent pas Joséphine dans leur cœur, et quand cette dernière monte les quelques marches pour rejoindre son époux, les deux sœurs lâchent la traîne, paralysant l'avancée de la souveraine. Élégant.

Le sacre de l'Empereur Napoléon dans l'église métropolitaine de Paris (Gallica  Bibliothèque Nationale de France)
A midi, le couple impérial s'approchent des deux prie-dieux devant l'autel, reçoivent la bénédiction du pape. Contre toute les traditions, Napoléon 1e se pose seul la couronne sur sa tête, avant de la poser sur la tête de son épouse. Le message est clair : l'empereur ne dépend pas du Pape. Lui se contente de bénir le sceptre, la main de justice, consacrer les deux anneaux « le signe de la foi sainte, la preuve de la puissance et de la solidité de votre empire ». Tout ceci a duré trente minutes, mais la cérémonie au total a duré plusieurs heures ! Mais que s'est-il passé le reste du temps ?

Tout d'abord une messe, puis un Viva imperator in Aeternum et le Te Deum de la part de Pie VII, qui fit une accolade à l'empereur avant de se retirer de la sacristie. Napoléon 1e continue son spectacle prête serment sur la Bible « Je jure de maintenir l'intégrité du territoire de la République, de respecter et de faire respecter les lois du Concordat et la liberté des cultes, de respecter et faire respecter l'égalité des droits, la liberté politique et civile [ … ] et de gouverner dans la seule vue de l'intérêt, du bonheur et de la gloire du peuple français ». Après avoir célébré « le très glorieux et très auguste Empereur Napoléon, Empereur des Français, sacré et intronisé », le héraut d'armes clôt la cérémonie, et dans tout Paris enneigé, 101 coups de canons retentissent. La cérémonie est donc terminée et il est 15 heures. Bien sûr, on ne s'arrêta pas là, puisqu'il y eut de nombreuses réceptions officielles, jusqu'au 5 décembre, avec la distribution des étendards sur le Champ-de-Mars.


Cette journée est devenue un véritable symbole pour la famille Bonaparte, l'apogée de la gloire familiale. A tel point qu'un demi-siècle plus tard, le 2 décembre 1852, le prince-président Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de l'empereur (fils de son frère Louis et d'Hortense de Beauharnais), choisit la même date pour faire son coup d'état et fonder le Second Empire, sous le nom de Napoléon III. Tout un symbole, je vous le disais, tradition familiale originale !  

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