jeudi 17 novembre 2016

Château de Pierrefonds, au beau milieu d'un rêve



Avant de quitter la capitale, je me dépêche de visiter les Hauts de France à portée de main, où j'ai passé des vacances mais dont j'ai découvert tardivement les merveilles. Dernièrement, j'ai enfin visité Lille, à seulement une heure de Paris par exemple. Et avant d'aller revoir Chantilly avec ma fine équipe, j'ai fait un crochet par le château de Pierrefonds, cet ovni, pas tout à fait château médiéval, avec cet impression d'entrer dans un conte de fées, de croiser des princesses, ogres et marraines les fées pour me guider dans ma quête. Suivez moi, je vous emmène dans un drôle d'endroit …


C'était le dernier de ma liste de l'Oise à voir. J'avais découvert Chantilly il y a quelques années (j'y retourne dans quelques semaines, je vous en ferais un article), puis Compiègne l'an dernier. Ces deux là sont accessibles facilement par transports depuis Paris. Mais Pierrefonds non, il faut une voiture ! Avec une amie, direction ce fameux château. Si je connaissais son histoire, je pensais le château excentré de la commune, entouré par la forêt de Compiègne. J'ai un peu trop regardé la série Merlin (Camelot est le château de Pierrefonds) je pense. Car le château se trouve sur une colline certes, mais à 5min de la mairie ! De par ses dimensions, déjà là, il est impressionnant ! Mais il sort d'où ce château ?

Historique des lieux

Il existait un château aux alentours du 12 siècle, mais c'est Louis 1e d'Orléans, qui l'a entièrement reconstruit comme un château défensif. Qui est cet homme ? Fils cadet du roi de France Charles V, il est le frère de Charles VI, vous savez le roi un peu fou. D'ailleurs Louis d'Orléans organise la régence de son frère avec sa belle sœur, la reine Isabeau de Bavière. Et ce château lui sert aussi de remparts contre ses ennemis, les ducs de Bourgogne. Rappelez vous, le duché de Bourgogne ne cesse de s'agrandir et l'actuel duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, possède le comté de Flandre, juste au nord. Ce château permet donc de régulier l'influence bourguignonne au nord. Mais Louis d'Orléans meurt assassiné le 23 novembre 1407 dans les rues de Paris par les partisans bourguignons.

Après la mort du premier propriétaire, le château appartient à son fils, Charles d'Orléans, mais ce dernier est captif des anglais après la bataille d'Azincourt, et il restera 25 ans enfermé à écrire des poèmes. Pendant ce temps, Pierrefonds est un temps aux anglais, puis aux bourguignons avant de tomber dans le domaine royal puisque le fils de Charles d'Orléans devient roi de France sous le nom de Louis XII.

En 1617, le roi Louis XIII décide de faire démolir le château après que celui-ci ne soit un refuge pour les opposants. Il faut dire que nous sommes toujours dans les guerres de religions, catholiques contre protestants, et le roi ne veut pas d'ennemis dans une forteresse. A l'état de ruines, il le restera pendant plus de deux siècles, devenant un sujet de représentation des artistes. Puis Napoléon 1e le rachète en 1813, le rattache au domaine de Compiègne. Sous la Monarchie de Juillet, on y célèbre le mariage de la fille de Louis-Philippe 1e, Louise d'Orléans, avec Léopold 1e de Belgique.



Mais c'est sous le Second Empire que la demeure revit. En 1857, l'empereur Napoléon III demande à son architecte Eugène Viollet-le-Duc de transformer ces ruines en demeure impériale. En effet, la Cour vient souvent à Compiègne tout près et les sorties dans les ruines sont régulières. L'architecte voulut restaurer seulement le donjon, mais finit par entreprendre une reconstruction totale, avec la volonté de paraître médiéval, mais façon de l'époque. Autant dire que le château que nous voyons aujourd'hui n'est pas historique en tout point de vue. Les travaux se poursuivent après la chute de l'Empire, et même après la mort de Viollet-le-Duc en 1879, jusqu'en 1885. Les travaux ne furent jamais achevé, le château jamais habité non plus.

Ma visite

J'avoue, quand on entre dans la cour, on en prend plein les yeux. On ne sait pas où regarder tant tout est ouvragé, travaillé, avec des chats autour des lucarnes, des salamandres en guide de gouttière, des décorations à tout va. Superbe, on passe son temps à faire le tour de la cour avec une architecture néo-gothique, néo-renaissance. Évidemment, l'intérieur ne devait absolument pas ressemblé à ça lors de sa première construction, et le 19e siècle avait sa propre vision du Moyen Âge. Souvenons nous du château de la Pena à Sintra par exemple, mais aussi dans les peintures et sculptures, les artistes laissent une grande part à l'imagination. Et Viollet-le-Duc a l'imagination très fertile, nous le verrons durant notre visite.









Au rez-de-chaussée, nous avons accès à une présentation du château et des travaux et de reconstruction, intéressante et permet de voir le vrai château de base, les ruines ayant inspiré beaucoup d'artistes au 18e et 19e siècles, pour le côté pittoresque sans doute, comme avec le Pont du Gard par exemple. Puis une exposition sur les lanternes magiques, terminée le 13 novembre mais très intéressante. Il s'agit d'illusion d'optique, notamment pour faire apparaître des fantômes, s'amuser à se faire peur, et même parfois des sortes de films d'horreur. Très bien fait pour l'époque, ces quelques salles donnent lieu à des apparitions très inquiétantes ! Je sais que l’exposition est itinérante, n'hésitez pas à vous renseigner si elle continue de traverser la France ! La visite de cette exposition nous mène au premier étage de la chapelle. Reconstruite à l'emplacement de la première chapelle, elle est superbe même si dépourvue de la moindre décoration. Faites attention sur le portail, Viollet le Duc est représenté en pèlerin, entouré de Louis 1e d'Orléans et son épouse, Valentine Visconti.










Passons à présent au cœur du château : le donjon ! Toutes les salles sont décorées avec soin, des couleurs sur les murs, les plafonds et les cheminées. Il manque du mobilier pour finir d'habiller les pièces mais tant pis, faisons avec l'imagination ! J'ai adoré le cabinet de travail et la chambre à coucher. Je ne sais pas si cela fait vraiment médiéval, sans doute un poil too much, mais vu que je prends ce château pour celui d'un conte de fées, tout passe admirablement !








Mais le clou de la maison est sans doute la Salle des Preuses. Ancienne grande salle seigneuriale. Auparavant, il s'agissait de la salle des armures de la collection impériale, aujourd'hui au Musée de l'Armée, à Paris. Pourquoi « preuses » me dites vous ? Un preux est celui qui a des qualités chevaleresques. On connaît les Neuf Preux, d'ailleurs Louis 1e d'Orléans dote un preux à chaque tour du château de Pierrefonds (trois héros païens : Hercule, Alexandre, César ; trois héros de l'Ancien Testament : Josué, David, Judas Maccabée ; trois héros chrétiens : Arthur, Charlemagne, Godefroi de Bouillon) et l'iconographie fut repris en Europe. Neuf Preuses existent aussi mais les noms divergent selon les auteurs. Ici les Neufs Preuses représentent l'impératrice Eugénie et des dames de la Cour. De gauche à droite :

Leila-Flora MacDonald, maréchale de Canrobert, en Tammaris, reine d'Egypte
La princesse Murat, en Deifemme
La duchesse de Malakoff, en Lampedo, reine des Amazones
Jane Thorne, baronne de Pierres, en Hippolyte, reine des Amazones
Eugénie de Montijo, impératrice, en Sémiramis, reine d'Assyrie et de Babylone
La duchesse de Cadora, en Penthésilée, reine des Amazones
Pauline van der Linden d’Hooghvorst, duchesse de Bassano, en Tancqua
Françoise Staouélie Laurence de La Rochelambert, comtesse de Poze, en Deisitte
Mademoiselle Carette (la seule qui ne porte pas de couronne car n'étant pas noble), en Ménélippe








Après avoir pris le chemin de ronde et descendu dans un escalier à double révolution (permettant de monter et descendre sans se croiser), on descend jusque dans les caves. Ici se trouvent des reproductions de gisants ou priants, bref des tombeaux en plâtre de personnalités historiques, notamment de l'histoire de France. Avec ces lumières et les chuchotements en fond, on se croirait dans une autre dimension, un peu flippante et surtout magique.






J'ai vraiment adoré cet endroit, un château un peu magique, quoi qu'un peu vide mais les décors font beaucoup le travail. Si vous avez la possibilité de le visiter, vous ne serez pas déçus !

Château de Pierrefonds
Rue Viollet-le-Duc
10h-17h30 (basse saison)
7,5€


2 commentaires:

  1. Ce château a tout de celui des romans d'aventures tels que l'on se les imagine ! La visite doit être vraiment incroyable !

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  2. Un vrai château de contes de fées et une belle évocation du style troubadour ! ! Je ne suis pas de la région, mais si je devais m'y rendre un jour, je pense que j'irai tout de suite visiter ce château, il est tellement beau, je suis sûre que c'est un plaisir de le découvrir et de flâner dans ses pièces ! ;)

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