jeudi 22 octobre 2015

24h à Metz : promenade à travers la jolie ville de Moselle


Je suis une mamie, je pars toujours aux mêmes endroits. Je ne quitte Paris que pour me rendre tous les mois dans l'Hérault, et parfois à Nantes. Le reste, je n'y mets plus vraiment les pieds depuis des lustres. Alors me voir à Metz, cela relève un peu du miracle. Bon d'accord, un miracle amical, une invitation d'amies pour se retrouver après trois années sans se voir. La priorité ne fut donc pas les visites mais j'ai pu faire à plusieurs reprises le tour du centre ville, dont je ne me souvenais à peine lorsque je suis venue il y a une douzaine d'années. J'ai adoré cette ville (sinon je n'en ferais pas un article, je ne veux pas être blacklistée par des offices de tourisme), et j'ai hâte d'y retourner. Allez, suivez moi …


La dernière que je suis venue à Metz, je n'étais pas encore majeure, le TGV Est n'existait pas et je mettais environ trois heures de train corail pour faire Paris-Metz. Je me souviens de tour en bateau sur la Moselle et s'y baigner une chaude après-midi d'été. De la ville en elle-même, peu de souvenirs, sauf ce temple protestant sombre au bord de l'eau. VOILA. Souvenirs assez maigre de la ville, même si j'en gardais un bon souvenir. Alors quand une amie d'IUT et Licence pro m'a proposée de rejoindre une autre amie à Metz pour se revoir, je n'ai pas su dire non, et je n'en avais pas envie ! J'y suis restée exactement 25 heures : arrivée samedi à 15h et repartie le dimanche à 16h, cela laissait un temps très (trop) court pour vraiment visiter, il ne faut pas oublier qu'il y a des retrouvailles aussi, question de priorité. Heureusement que notre messine connaissait la ville comme sa poche et a su aller à l'essentiel pour nous présenter sa superbe ville. Si vous me suivez sur Instagram, vous avez déjà eu un aperçu de mes photos.

Petits points de repère


Mais qu'est-ce donc que cette ville ? D'un point de vue géographique, Metz se situe dans le département de la Moselle (dont elle est le chef-lieu), dans la région Lorraine, et actuellement la nouvelle grande région Alsace-Lorraine-Champagne Ardennes. On trouve des traces de vie humaine depuis environ 200 000 ans avant Jésus Christ, possédait déjà une ville à l'époque gallo-romaine, une des plus grandes capitales gauloises exactement, puis intégré à l'Empire Romain, pouvant bénéficier des avancées de l'époque, comme un amphithéâtre ou un aqueduc et devint un carrefour routier. On trouve des édifices gallo-romains dans la ville, comme l'abbatiale Saint-Pierre-aux-Nonnains, de centre thermale devenu édifice religieux.

Abbatiale Saint-Pierre-aux-Nonnains

La ville continue son ascension en devenue capitale du royaume d'Austrasie, appartenant aux fils de Clovis 1e aux VIe et VIIe siècles. D'ailleurs le palais royal se trouvait à l'actuel musée de la Cour d'Or, derrière la cathédrale. J'avoue ne pas être calée dans cette période du Moyen Âge, mais je sais que la dynastie carolingienne avec Pépin le Bref (714-768) et bien sûr son fils, le très connu Charlemagne, où ses petits-fils se sont amusés à disloquer son empire, et les héritiers après encore davantage, et Metz tombe dans les mains du duché de Lorraine, devient une ville libre et une cité épiscopale, tout comme ses voisines Toul et Verdun, qui deviendront plus tard les Trois-Evéchés, trois villes riches et convoitées par la France.

Durant la Renaissance, Henri II (mais si, on l'a déjàvu ! ) décide d'occuper ces villes et des les annexer à la France, mais ne deviendra vraiment française qu'à la Paix de Westphalie en 1648 ! Dans ce traité mettant fin à la guerre de Trente Ans où l'Europe s'est déchiré, la France montre sa grande puissance en ce Grand Siècle. Elle continuera à prospérer jusqu'en 1871, où Metz est rattaché à l'empire d'Allemagne après la défaite de la guerre franco-prussienne, et le restera jusqu'à l'armistice de la Première Guerre Mondiale, le 11 novembre 1918. Du moins jusqu'à la Seconde Guerre Mondiale où Metz à « l'honneur » de recevoir Heinrich Himmler, le grand manitou de la SS, et aussi Adolf Hitler en personne à Noël 1940. Il avait bien changé le Père Noël dis donc …

Visite express


Le samedi, après les retrouvailles, poser les sacs et discuter comme si on ne s'était jamais vraiment quitté, nous sommes parties en balade, à la découverte de la ville. Armée de Pipou III, me voici parée pour prendre en photo tout ce qui me semblait beau et intéressant, autant dire beaucoup de choses. Mais quand on visite une ville, il est important de commencer par … La nourriture ! Oui mademoiselle au fond, je vois que vous suivez ! Alors avant toute véritable balade, un goûter s'imposait ! Et pas n'importe où : Aux Merveilleux, pas très loin de la cathédrale, un endroit spécialisé dans les cramiques, et les merveilleux donc, des meringues entourés de crème fouettée, aux différentes saveurs au nom très révolutionnaire, voire même Directoire. J'ai goûté au Magnifique, au praliné avec des dessus des éclats de noisettes et d'amandes. Un véritable délice, parfait pour se mettre d'aplomb pour la marche !




Passée par la place des Armes pour observer la cathédrale et l'hôtel de ville avant de remonter vers le musée de la Cour d'or, puis monter jusqu'à Sainte-Ségolène pour redescendre et longer la Moselle, ne la traverser que pour s'approcher de l'opéra-théâtre et du Temple neuf, ce temple protestant qui avait marqué mon souvenir par son architecture et sa pierre de grès sombre. Revenir à la cathédrale et prendre une autre direction avec la place de la République, puis l'Arsenal où on a pu découvrir des statues comme des gisants de guerriers chinois sous une banale grille étrange … tout comme cette petite chapelle des Templiers du XIIe siècle. Avancer alors que le jour tombe petit à petit et découvrir cette fameuse abbatiale de Saint-Pierre-aux-Nonnains dont je vous ai parlé plus haut, la plus vieille église de France datant du Ve siècle, d'anciennes thermes apparemment, drôle d'association. Puis avancer place Saint-Louis à la nuit tombée, avec ces vieilles demeures plus tout à fait droites, datant du Moyen Âge. Une première balade des plus vivifiantes, de quoi nous mettre en appétit et passer une soirée au chaud, à discuter, boire un coup et se préparer pour le lendemain.

Eglise Sainte Ségolène

Opéra-théâtre

Le temple neuf

La chapelle des Templiers

Bâtiments de la place Saint-Louis, on devine les arcades en bas.
Dimanche, après une petite nuit et un gros petit déjeuner, nouvelle sortie, encore beaucoup de marche mais aussi quelques visites, à commencer par la cathédrale Saint-Etienne. Autrefois sanctuaire du saint, puis basilique, les travaux de la cathédrale en elle-même débutent en 1240, l'époque de la construction de ces édifices un peu partout en France. Pour comparaison, celle de Notre-Dame a débuté en 1163. Crée dans un style gothique, on ne cessera de lui apporter des modifications jusqu'au XXe siècle mais l'on peut diviser en deux parties les grands travaux : de 1240 à 1380 pour la première construction et de 1440 à 1552 pour les grandes modifications voulues par le Saint Empire Romain Germanique. C'est ici qu'un grand homme d'église fit ses premiers pas ecclésiastiques : Jacques-Bénigne Bossuet, connu comme l'abbé Bossuet qui prononça l'éloge funèbre de la princesse Henriette d'Angleterre en 1670 « Madame se meurt, Madame est morte. », grand orateur et sorte de tampon entre le Pape et Louis XIV. Le toit fut incendié par un feu d'artifice donné par l'empereur allemand Guillaume 1e en 1877, heureusement l'intérieur ne fut pas touché. Et si on veut parler chiffres, la hauteur de la nef est de 41m et la largeur totale de 123m, de quoi donner le tournis …

Mais ce qui m'a le plus plu à l'intérieur sont les différents vitraux. Les plus vieux datent du XIIIe siècle, la rosace sur la façade du XIVe, il y en a aussi du XVIe siècle. Rares de voir d'aussi vieux vitraux toujours en place, surtout quand on vit à Paris … mais cela est encore plu amusants de les voir se mélanger à des vitraux contemporains, dont Jacques Villon (frère de Marcel Duchamp), artiste cubiste principalement, ou encore de Marc Chagall, artiste aux tendances surréalistes, qui représente des scènes de l'Ancien Testament.
On y jouait de l'orgue lorsque j'y suis entrée, comment ne pas adopter cet endroit grâce à la musique ? Le son qui y résonnait était des plus sublime, et entre les colonnes où l'on devinait les peintures, ces vitraux colorés, cette rosace imposante et cette musique céleste, je ne pouvais qu'adorer ces lieux. Il faut avouer que j'ai un gros faible pour les églises, surtout dans le style gothique. Sans parler religion, je trouve qu'il y a un travail exceptionnel, une maîtrise de la précision incroyable dans ces cathédrales presque démesurées, toujours debout après presque un millénaire d'existence.

Extérieur de la cathédrale, en partie restaurée.
La nef, lumineuse.
Vitraux du XVIe siècle
Vitraux par Marc Chagall
Vitraux par Jacques Villon
Jacques Bénigne Bossuet, dit l'abbé Bossuet
La rosace de la cathédrale, toute en lumière
La seconde visite fut aussi une église, plus modeste : Saint-Maximin. Originellement construite sur la voie romaine menant à Strasbourg au Ve siècle, elle fut reconstruite dans le style qu'on lui connaît actuellement au XIIe siècle, consacrée à Saint-Maximin, ancien évêque de Trèves, seul le portail baroque date du XVIIIe siècle. Un intérieur simple, avec un orgue des années 1970, en somme une église classique … ou presque. Il n'y a qu'à regarder ces vitraux et se dire que ces étoiles sont familières et que les dessins peu communs. Et le verdict tombe : Jean Cocteau a dessiné les vitraux.

J'imagine vos têtes, j'ai fait la même, Jean Cocteau qui réalise des vitraux pour une église catholique, cela sonne étrangement, et pourtant. En 1961, on lui confia cette tâche, mais il décède deux ans plus tard, le 11 octobre 1963, sans jamais voir son œuvre posée, les vitraux intègrent l'église à partir du 11 septembre 1964 et jusque dans les années 80. Malheureusement, il ne laissa aucun écrit pour comprendre ces dessins et on ne peut se baser que sur des hypothèses. De certain, on sent une inspiration de l'art africain avec une pointe de cubisme, plus facile à travailler pour le traitement des vitraux. On y découvre un mélange de dessins sacrés avec des inspirations plus insolites dont un vitrail à la rose pour symboliser l'amour courtois mais aussi le temps qui passe. Dans ce vitrail, j'y ai vu une référence facile mais sublime au film La Belle et la Bête, un chef d'oeuvre du cinéma que je ne me lasse pas de voir. Dans un autre, Cocteau se représente lui-même dans une scène de mise au tombeau. On peut trouver des symboles de la mythologie antique et des références à Orphée notamment. Leurs couleurs, d'une majorité de bleu mais vives pour la plupart, donnent envie de les contempler pendant des heures, à chercher à comprendre, à admirer et à aimer.


Façade baroque de Saint-Maximin

Intérieur de l'église


                                                                   Vitraux par Jean Cocteau 


Et c'est déjà le retour à Paris, un séjour bien trop court mais sous le signe des retrouvailles aux beaux jours. Attendez vous à un prochain article, sans doute avec des musées, comme celui de la Cour d'Or ou le Pompidou-Metz, bref, de nouvelles aventures se préparent pour 2016 ! 

2 commentaires:

  1. Très heureuse que Metz vous ait plu ! C'est une belle ville où Il y fait bon vivre et votre article en témoigne ! Merci !!

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    1. C'est un plaisir :) Je reviendrais aux beaux jours, faire plus de visites et en parler encore !

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