jeudi 19 octobre 2017

Rennes-le-Château, la cité mystérieuse



Rennes-le-Château est souvent synonyme de mystère ou trésor. Cette commune audoise à flanc de colline aurait pu avoir le même sort que ses voisines, c'est-à-dire n'être qu'un joli village à visiter, mais le mystère et l'histoire qui l'entoure attire de nombreux visiteurs, dont votre humble servante. On parle quand même du Diable, d'un curé un peu suspect, d'un trésor, de quoi faire un bon roman et créer tout un tas de légende. Je vous emmène au cœur de l'Aude pour une petite visite, suivez moi …


Je ne suis pas difficile en matière de visite. Alors que l'on partait dans l'Aude pour un mariage, il restait une demi-journée à ne rien faire. Et je n'aime pas ne rien visiter quand je sais qu'il y a des choses à voir. Mon choix s'est porté sur le village de Rennes-le-Château, on m'en avait souvent parlé, j'ai lu l'histoire du mystère, je ne suis pas difficile à convaincre. Le plus dur a été pour la voiture car il faut passer par une petite route sinueuse (et dangereuse, il faut l'avouer) jusqu'au parking avant d'user ses chaussures pour arriver au cœur du village. Visiter les régions montagneuses, ça se mérite ! Mais pourquoi cet endroit est-il aussi spécial ?

Petit historique de la commune


Sans doute ancien oppidum dans l'Antiquité, Rennes-le-Château, autrefois appelée Redhae, devient une cité avec une petite importance durant le Moyen-Âge du fait de sa position stratégique, avec le comté de Razès. Ce dernier est rattaché au comté de Carcassonne mais le royaume d'Aragon le revendique, puis après c'est le bordel avec la période des Cathares, de la guerre contre ces derniers et l'arrivée de Simon IV de Montfort. Il donne à son lieutenant Pierre de Voisins le comté de Razès et il va entamer des fortifications à Redhae fin 13e siècle. La cité voit sa population croître et l'économie tourner à plein régime, jusqu'en 1362 où la cité est ravagée par des pillards. La cité perd de son importance, se reconstruit un peu mais ne laisse que peu de trace dans l'Histoire. On sait qu'en 1578, des calvinistes s'en prennent à l'église en pleine période de guerres de religion.

Si l'on connaît Rennes-le-Château aujourd'hui, c'est grâce à l'abbé Bérenger Saunière. Oui, dit comme ça, cela ne vend pas du rêve, mais le mystère entourant les lieux vient de lui. Cet abbé arrive dans la commune en juin 1885, c'est un homme de trente-trois ans, chaleureux, motivé, ayant des opinions antirépublicaines et amical dans une commune touchée par l’exode rurale, avec peu de moyens et une église tombant petit à petit en ruines.

L'abbé Saunière et sa servante, statues de cire du musée.
A partir de 1891, il entreprend des travaux de grande ampleur pour restaurer l'église, mais aussi une demeure personnelle très luxueuse comprenant une villa, un grand jardin, une serre, une terrasse et une petite tour faussement médiévale. On est bien loin des vœux de pauvreté, tout ça. Comment un simple curé peut-il dépenser autant d'argent ? Après la mort de l'abbé en 1917, les hypothèses s'emballent et la légende du trésor est né !
Selon les sources, différents trésors auraient fait la fortune de l'abbé Saunière :
• un trésor antique, où le temple de Delphes aurait été pillé par des peuples celtes qui auraient enterré leur trésor ici ;
• un trésor religieux, où les Wisigoths auraient caché leur trésor après le sac de Rome en 410. Il s'agit d'une des plus populaires, les légendes aiment les rapports avec la religion ;
• le trésor de la reine Blanche de Castille, mère de Saint Louis ;
• un trésor cathare, histoire de rester cohérent dans la région ;
• bien sûr, le trésor des Templiers car ils sont partout ceux là ;
• le trésor de l'abbé Bigou, curé de la commune durant la Révolution Française, qui aurait caché ses biens pour éviter le pillage. Cette hypothèse là est beaucoup appréciée.

C'est fou comment les gens ont l'esprit fertile mais la plupart de ces idées ne peuvent être étayées à cause d'un manque de preuves pour continuer l'enquête. De manière plus terre à terre, on a accusé l'abbé Saunière de trafic de messes, de donations (notamment de monarchistes) et de pillages de tombes. C'est un peu moins glamour, il faut bien l'avouer.

Ce qui est sûr, c'est que la légende ne cesse de se propager, au point que même les nazis viennent à Rennes-le-Château durant la Seconde Guerre Mondiale ! Des enquêtes se poursuivent, un effet médiatique s'emballe dans les années 50, notamment avec cet article de la Dépêche du Midi en 1956 « La fabuleuse découverte du curé aux milliards. M. Noël Corbu connaît-il la cachette du trésor de l'abbé Saunière qui s'élève à 50 milliards ? » Aujourd'hui encore, le mystère continue de planer sur Rennes-le-Château et l'abbé Saunière car 120.000 visiteurs cherchent encore à le percer.

Une jolie visite


Le cœur du village est le domaine de l'abbé Saunière, ou Musée Béranger Saunière, regroupant l'ancienne demeure de l'abbé Saunière. Je vous conseille la tablette interactive, intéressante et vous poussant à observer des choses qu'on ne remarquerait pas au premier abord. On commence directement par la demeure de l'abbé Saunière, transformé en musée. On apprend à connaître ce drôle de personnage, et on lance les différentes pistes du fameux trésor, suivi de l'emballement médiatique au 20e siècle. Autant dire qu'on en ressort avec l'envie de creuser partout, espérer nous aussi trouver la part du butin !







La sortie du musée donne sur le jardin et l'on se dirige vers une curieuse demeure, la villa Bethania (en rapport à Marie-Madeleine, son frère Lazare vivant dans la ville de Béthanie). Le terme de « villa » peut paraître pompeux mais imaginez une maison assez massive et neuve dans ce petit village pauvre, il faut remettre en contexte. Voici donc une jolie maison avec une jolie vocation : héberger les prêtres infirmes et à la retraite. Bien sûr, cela n'a jamais été le cas malheureusement, cette maison reste surprenante ! Déjà à l'entrée se trouve une véranda, devenue la chapelle privée de l'abbé Saunière. Interdit d'exercer en 1915, il continue pourtant les messes dans ce petit endroit. A l'intérieur, on ne visite pas grand chose mais le salon avec sa décoration florale clairement Art Nouveau et son mobilier Second Empire donne une forme de luxe à l'endroit, bien loin de sa vocation première !









En face, sans doute l'édifice le plus mystérieux : la tour Magdala. Là encore, en référence Marie-Madeleine … mais cela aurait dû être Magdalena plutôt ! Mais l'abbé aime jouer sur les mots, car magdale signifie « tour » en hébreu. De plus, la tour se pose dans le coin opposé à la serre, d'une forme carrée comme un échiquier. Oui, trop de mystère et de références. Et encore, je ne vous les donne pas toutes, il y en a tellement ! D'aspect médiévale, cette tour sert de bibliothèque à l'abbé Saunière, et peut devenir un chemin de ronde au sommet après avoir monté 22 marches, avec une vue imprenable sur la région.






A votre avis, l'abbé Saunière était team Joséphine ou team Marie-Louise ?






Comme je disais, à l'opposée en diagonale, la serre, ou tour de l'Orangeraie, se montre moins bling-bling que les autres visites. Sa structure en fer et en verre donne un aspect reposant, on imagine évidemment les différentes plantes rares ou les orangers parfumés. Cette fois, les 22 marches nous font descendre en dessous, au niveau du jardin. Oui encore 22, encore un symbole. Et si à la Tour Magdala nous fait monter (paradis ? ), là on descend (enfer ? ) … trop de mystère, encore une fois.








Juste à côté du musée se trouve l'église Sainte-Marie-Madeleine. Ah, maintenant vous comprenez un peu mieux les noms qui lui font référence, rien n'est laissé au hasard ! Datant du 11e siècle, détruite à la Renaissance, celle que l'on peut visiter date de la fin du 19e siècle, on dit encore une fois merci l'abbé Saunière ! Et donc beaucoup de mystères à l'intérieur. Cela commence avec l'entrée, où le porche ressemble à un livre ouvert, et avec cette citation gravée «  In Hoc Signo Vinces » que l'on traduit par « Par ce signe tu vaincras ». N'oubliez pas de lever la tête et regarder partout. Je ne vais pas vous faire tous les signes, il y en a beaucoup trop ! Mais je vous dis de bien tout observer, d'admirer aussi les vitraux, les tableaux, les statues, tout est vraiment magnifique. Je veux juste m'attarder sur le bénitier à l'entrée. Il y a le Diable en personne qui soutien le bénitier, et les anges au-dessus. Il est écrasé et il y a cette inscription « Par ce signe tu LE vaincras » … à un mot près de l'entrée. Et cela fait combien de lettres ? 22. Et au fait, quand est la fête de Marie-Madeleine ? Oh, le 22 juillet … Décidément ! Malheureusement, quelques jours avant ma visite, le Diable a été décapité par une cinglée, je n'ai pas de photo de sa tête. Mais n'hésitez pas à regarder sur Internet, il est très inquiétant. Apparemment, la présence du Diable est courante dans le coin car il y a sa chaise, sa main, son sein et un autre Diable est représenté dans une autre église. Après tout, j'ai passé le Pont du Diable près de Saint-Guilhem-le-Désert, j'espère que vous n'êtes pas trop superstitieux ou croyants en venant en Occitanie !




Le Diable décapité par une cinglée ... 



Il ne faut pas hésiter aussi à se promener dans le village. Il y a aussi un château (il faut bien que la ville soit digne de son nom), d'origine médiévale. Il a appartenu aux Hautpoul, seigneurs du coin, jusqu'en 1820 après le décès de la dernière héritière, Marie-Anne-Elisabeth de Hautpoul. Aujourd'hui, le château est une propriété privée, on ne peut pas le visiter, ce qui est bien dommage ! Il fallait bien un tout petit point noir, mais rien de bien significatif par rapport au reste.

Le nom est drôle quand on sait toute l'histoire ... et aussi qu'il y a un diable dans l'église !









A défaut d'avoir rencontré le Diable (ni de francs-maçons) ou trouvé des pièces trébuchantes, une coupe en diamants ou ma nouvelle parure en émeraude, j'ai trouvé l'endroit magnifique. Le village est très beau en lui-même, j'ai beaucoup aimé l'église malgré le vandalisme du Diable. Quant à la demeure de l'abbé Saunière, c'est vraiment surréaliste et je comprends davantage l'attrait pour percer le mystère. Il y a de quoi voir et s’émerveiller. Si vous êtes de passage dans la région, n'hésitez pas !

… Avez vous compté le nombre de photos dans l'article ? 44. Divisé par 2 … OH ! 


3 commentaires:

  1. Bonjour, comme promis je suis passée pour lire cet article qui m'avait vraiment tapé dans l'oeil. Avec mon compagnon nous avons hésité cet été quant au choix de la destination pour les vacances et au début nous avions envie d'aller dans les environs de Rennes-Le-Château. Nous aimons tous les deux les mystères et c'est vrai que ce lieu est particulièrement chargé. A la lecture de l'article et à la vue des photos ça donne vraiment envie d'aller découvrir ces lieux. C'est vrai qu'aujourd'hui il y a énormément d'histoires et de légendes. Un livre est sorti dernièrement et son auteur prétend avoir décodé le mystère... https://www.amazon.fr/Rennes-Ch%C3%A2teau-Sources-Rudy/dp/2955845302

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    1. L'endroit est assez fou car il y a pleins de choses entremêlées, mais je le conseille vraiment si l'occasion se présente de retourner dans la région !
      Merci pour le livre, je vais voir ça de plus près, sait on jamais !

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  2. Un lieu effectivement plein de mystères...magnifié par de très jolies photos. ;)

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