mardi 3 octobre 2017

Journées du Patrimoine 2017



Les Journées Européennes du Patrimoine sont l'occasion de pousser des portes fermées au public le reste de l'année, ou de découvrir des facettes inconnues. Chaque année, je m'y prépare et je suis parée pour parcourir Paris en long et en large pour en prendre pleins les yeux, me dire que nous avons un patrimoine exceptionnel et que chaque ville a des trésors méconnus. C'est parti pour vous raconter ma journée et, qui sait, vous donner envie de les visiter l'année prochaine !


Chaque année, quand le site des Journées Européennes du Patrimoine dévoile son programme, j'y passe des heures pour savoir où aller, et débattre avec mes amis sur le programme de la/des journée(s). L'an dernier, j'ai affronté la longue file d'attente de l’Élysée (et j'y ai survécu, ils devraient en faire un t-shirt) et j'ai décidé que plus jamais, je n'attendrais devant un bâtiment. Bien sûr, ma passion est de visiter les lieux de pouvoir, mais surtout les ambassades. Que ce soit la Pologne ou la Suisse en 2016, ou la Grande Bretagne en 2015, j'essaie d'en faire au moins une chaque année car ce sont souvent de beaux hôtels particuliers qu'on ne peut pas visiter en temps normal. Pour 2017, je me retrouvais seule dans mon parcours, ma chère acolyte Emma de Vague Culturelle ayant quitté la capitale pour la jolie ville d'Arras. J'avais prévu six visites le dimanche, j'ai subi des échecs et eu de belles découvertes, je vous raconte tout ça !

Hôtel de Beauvais – Cour administrative d'appel de Paris


Cet hôtel particulier situé dans le Marais, au 68 rue François-Miron (4e arrondissement), a toujours été une fascination architecturale pour moi, avec sa cour ovale, son péristyle et sa construction alambiquée. Construit en 1655 par Antoine Le Pautre pour le couple de Beauvais, Pierre de Beauvais et Catherine Bellier, première femme de chambre de la reine Anne d'Autriche. Mais oui, vous connaissez cette femme en général sous le nom délicieux (non) de Catheau la Borgnesse, celle qui aurait déniaisé le jeune Louis XIV. Une femme à la position enviable à tel point que le 26 août 1660, quand Louis XIV entre dans Paris avec sa nouvelle épouse Marie-Thérèse d'Autriche, il passe rue Saint-Antoine, sous les fenêtres de l'hôtel, et on voit au balcon la reine-mère et le cardinal de Mazarin !
A partir du 18e siècle, les propriétaires se succèdent et quelques transformations sont effectuées, comme sur la façade de l'hôtel, notamment le comte Maximilien Emmanuel Franz van Eyck, ambassadeur de l'électeur de Bavière, qui invite le jeune Mozart à jouer dans ces lieux, mais aussi fait de son ambassade un tripot de jeux. Non, il n'y a pas de petits profits dans la vie ! A la Révolution, il est bien sûr saisi et à partir de là, c'est un peu n'importe quoi. L'intérieur est détruit pour en faire 40 logements, cela devient aussi une clinique d'accouchement … avant d'être laissé à l'abandon en 1985. Après une restauration bien méritée, l'hôtel accueille en 2004 la Cour administrative d'appel de Paris.


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Donc comme je disais, il ne subsiste rien de l'intérieur à part deux escaliers de l'époque des Beauvais, l'architecture extérieure et … un sellier médiéval. Oui, avant l'hôtel de Beauvais, des moins de l'abbaye de Chaalis ont une maison à cet endroit. Très belle salle, très peu modifiée au fil des siècles. J'ai adoré entrer dans cette cour, découvrir toute son histoire, et même si l'intérieur est devenu moderne, il y a encore le fameux balcon. De plus, une juriste a expliqué le fonctionnement de la Cour d'appel administrative et aussi un peu le tribunal administratif, ce qui était intéressant de comprendre un peu nos institutions.

Ambassade de République Tchèque


Après deux échecs de visite dont je vous parlerais à la fin, je me retrouve à l'autre bout de Paris, 15 avenue Charles-Floquet (7e arrondissement), devant un hôtel particulier avec vue sur la Tour Eiffel. Ce joli bâtiment est construit en 1912 par l'architecte Pierre Humbert pour la princesse de Ligne tout fraîchement divorcée, Élisabeth de La Rochefoucauld. A partir de 1919, la Légation Tchécoslovaque occupe les lieux comme locataire avant de l'acheter en 1924 pour 4,5 millions de francs. La Tchécoslovaquie se divise en deux pays en 1993 : la République Tchèque garde le bâtiment tandis que la Slovaquie s'installe dans le 16e arrondissement, rue Ranelagh.











Comme pour l'hôtel de Beauvais, pas d'attente et le plaisir de découvrir le rez de chaussée à travers quatre pièces d'un luxe inouï, notamment le Grand Salon avec ses trompes l’œil associés à la musique. Le petit jardin est apaisant et on se dit qu'on y vivrait bien. La visite est courte mais les détails sont nombreux, et la tranquillité des lieux permet de prendre son temps.

Château de la Muette – OCDE


Toujours plus loin dans l'ouest parisien, je pousse mon aventure dans le 16e arrondissement pour me rendre au Château de la Muette, siège de l'Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE). La visite guidée présente deux bâtiments, en premier lieu, les salles de conférences dans un environnement moderne et se voulant un modèle écologique. La volonté de l'OCDE est de donner un espace aux gouvernements pour permettre de dialoguer sur différents thèmes et mutualiser leurs efforts. Aussi intéressant, soit-il, j'étais venue essentiellement pour la seconde partie : le château de la Muette. Ancien château offert par Charles IX à sa sœur Marguerite de Valois, le château voit aussi abriter les amours de la duchesse de Berry, fille du Régent Philippe II d'Orléans, qui le transforme au goût du moment, et y reçoit même le tsar Pierre le Grand. Louis XV fait entièrement reconstruire la château et y accueille ses maîtresses, que ce soit les sœurs de Nesle, Madame de Pompadour ou encore Madame Du Barry. Après avoir été vendu sous la Révolution Française, le château est acquis par Pierre Erard qui veut redonner vie aux lieux. Mais après sa mort et ceux de ses héritiers, le domaine est vendu en parcelle et les derniers vestiges du château disparaissent en 1926.
Donc oui, tout ce que je vous ai raconté est d'un autre château, aujourd'hui disparu. Mais ce château là ? Il se situe bien sur le même terrain, à quelques mètres de l'ancien vrai château. En 1912, le baron Henri de Rothschild acquiert 22.000m² de ce terrain et décide d'y faire construire un château, ressemblant à l'ancien château de la Muette, il y importe des boiseries des autres demeures familiales et en fait sa résidence principale. Comme souvent, durant l'Occupation allemande, le château est réquisitionné et devient le quartier général du commandement de la marine allemande puis il est vendu en 1948 à l'Organisation européenne de coopération économique (OECE), devenu aujourd'hui l'OCDE.










J'ai quand même appris le fonctionnement de l'OCDE, ce qui est toujours bien de comprendre ce qu'on visite. Le château en lui-même a gardé quelques salles grandiose comme l'actuelle salle George Marshall, ancienne salle de bal ou le Grand Salon, aujourd'hui la salle de réunion pour le Conseil des représentants.

Bibliothèque de l'Arsenal


Après un autre échec, je me retrouve sans visite à 14h, c'est beaucoup trop triste de s'arrêter là. Et quand je vois que la Bibliothèque de l'Arsenal n'a pas d'attente, je saute dans le métro pour m'y rendre. Dernier vestige de l'Arsenal de la capitale accolée à l'ancien rempart, il comptait de nombreux bâtiments allant jusqu'à la Bastille ! Dépôt d'armes et munitions, l'arsenal était géré entre autre par le Grand maître de l'artillerie de France donné à de grands personnages de France comme Maximilien de Béthune, duc de Sully et grand ami d'Henri IV, les ducs de La Meilleraye père et fils, le duc du Maine, fils bâtard de Louis XIV ou le dernier, Louis Charles de Bourbon, comte d'Eu. La charge est supprimée pour être réunie sous le ministère de la Guerre, et le bâtiment accueille notamment Antoine-René de Voyer d'Argenson, marquis de Paulmy, qui y installe sa collections de livres et autres manuscrits qu'il met à disposition d'intellectuels, avant de tout vendre à Charles d'Artois, frère de Louis XVI et futur Charles X.
Comme toujours, la Révolution Française passe par là et le pavillon devient un dépôt littéraire avant de devenir une bibliothèque en 1797, sous son nom actuel, Bibliothèque de l'Arsenal. Elle est rattachée à la Bibliothèque Nationale de France en 1934.

La visite présente bien sûr la bibliothèque, ouverte au public, avec notamment cette salle de lecture aménagée sous le Second Empire, donnant une atmosphère particulière. J'adore ce genre de salle ancienne, donnant goût aux bibliothèques d'autrefois. Mais l'intérêt des Journées du Patrimoine est de découvrir ce qui ne se voit pas habituellement. Et là, on est gâtés ! Tout d'abord un appartement du 17e siècle de Charles de La Porte, duc de la Meilleraye, avec des décors peints au murs, mais surtout la deuxième pièce avec le Cabinet des « Femmes fortes » avec quatorze héroïnes de l'Ancien Testament telle Judith ; des reines des amazones notamment Hyppolite ou Antiope ; des femmes de l'histoire romaine comme Lucrèce ; et enfin des figures de l'Histoire telles Jeanne d'Arc ou Marie Stuart.









Accolé à la bibliothèque, l'hôtel particulier s'ouvre exclusivement pour ce weekend et l'on découvre de magnifiques pièces, comme celle du salon de musique, quelques pièces en enfilade du style purement 18e siècle … comme toujours, un régal pour les yeux.







Une visite non prévue et finalement un gros coup de cœur pour l'endroit. Je remercie le CM de la BNF pour avoir tweeter qu'il n'y avait pas d'attente, je n'aurais pas pensé à y aller !

Si finalement, je suis contente de mes journées, j'ai vécu donc trois échecs dans mon plan de visite. Tout d'abord l'ambassade de Chine où il y avait au moins 3 heures d'attente. Il faut dire que j'y suis arrivée à midi et que c'était la première fois qu'ils ouvraient. J'ai préféré passer mon tour. L'ambassade du Brésil a aussi été un échec : ouvert seulement l'après-midi, il fallait s'inscrire pour les visites. Ce sera sans moi alors. Le dernier, et sans doute ce qui m'a le plus agacé a été l'hôtel Arturo Lopez à Neuilly sur Seine. Perdu un peu au milieu de nul part, il fallait être motivé pour venir … pour finalement m'annoncer qu'il y avait une erreur, que le lieu était en fait fermé … MAIS que je pouvais venir à leur vente d'objets de collection. Je ne sais pas si c'est pour attirer du monde à leur vente ou une idiotie de ne pas avoir prévenu, mais ça ne m'a pas donné envie d'y retourner un jour.

Au final, quatre visites sympathiques et 10 kilomètres de marche dans les pattes, je pense que ces Journées du Patrimoine ont été une réussite ! J'espère vous avoir donné des adresses possibles pour l'an prochain. Quant à moi, je recommencerais, soyez en certains ! Et vous, qu'avez vous visité ? Si vous avez des lieux intéressants (à Paris ou ailleurs), n'hésitez pas à en parler !


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