mercredi 17 août 2016

Du Château de Saint-Germain au Musée de l'Archéologie Nationale


Courant juillet, je suis retournée au musée de l'Archéologie Nationale pour une nouvelle visite. La dernière fois, durant l'hiver, j'avais fait une visite guidée sur l'histoire du château et un tour sommaire du musée, mais je m'étais promis de revenir, encore plus quand j'ai découvert qu'on pouvait avoir le droit à une visite sur les toits durant la belle saison. Il a fait beau ce jour de juillet t j'ai eu la chance de marcher sur les toits d'un ancien château royal (ce qui n'arrive pas souvent à moins de s'appeler Stéphane Bern) et de visiter plus en détail ce musée sur l'archéologie mal connu du public. Je vous emmène avec moi faire une balade dans un des plus importants châteaux français devenu un musée d'archéologie …


J'adore découvrir des nouveaux endroits et surtout faire des visites guidées, surtout si le lieu a été transformé. Le château de Saint-Germain en Laye était autrefois une demeure royale depuis le Moyen Âge, transformé à de nombreuses reprises. Mais de ce château habité, il ne reste rien et il est difficile de se projeter ou d'imaginer quoi que ce soit. Et puisqu'on nous proposait à la fois une visite historique et la promenade sur les toits, autant faire pierre deux coups. Pourtant en plein mois de juillet, nous n'étions que deux à la visite avec la guide : Emma (de Vague Culturelle) et moi. Ça nous a rappelé nos visites à Fontainebleau où nous étions trois dans les petits appartements, mais aussi à Compiègne où nous nous sommes retrouvées en tête à tête avec la guide au musée de la voiture ! En grandes privilégiées, nous avons gravi les étages de plus en plus raides, pour accéder sur le toit du château.

Mais d'ailleurs, d'où vient ce château, et comment est-il devenu un musée ? De l'époque médiévale, il ne reste plus grand chose à part une tour et la chapelle. On sait que le roi de France Louis VI le Gros y construit un château et Saint-Louis (enfin Louis IX encore à l'époque) l'agrandit et y fonde une Sainte-Chapelle, modèle pour construire celle de Paris, où il y conserve les reliques de la Passion du Christ. Saint-Germain devient un lieu de résidence royale, apprécié notamment pour sa forêt, un peu comme à Vincennes. En 1346, en pleine Guerre de Cent-Ans, les troupes anglaises brûlent le château (que c'est malin). Mais la demeure ne retrouve vraiment son éclat qu'avec François Ie. Il s'y marie le 18 mai 1514 avec Claude de France et apprécie les lieux, et décide à son tour de le reconstruire à la mode de l'époque. C'est ainsi qu'on le connaît, avec ses briques et son plan pentagonal un peu original. Henri II termine les travaux de son père, et entame la construction du Château Neuf, non loin de celui qu'on appelle le Château Vieux pour y faire sa résidence royale. Henri IV préférait aussi ce Château Neuf, plus intime et moderne, et il acheva les travaux en 1600. D'ailleurs, c'est là que les fils de Louis XIII naissent, le futur Louis XIV en 1638 et Philippe d'Orléans (dit Monsieur) en 1640, et où le roi meurt en 1643.

Vue et perspective du Château de Saint-Germain-en-Laye au 17e siècle (Gallica)
Louis XIV préfère d'ailleurs le Château Vieux, et il y fait des séjours réguliers et demande à Le Nôtre de transformer les jardins. Si la Cour de France ne revient plus au château avec l'installation à Versailles, il n'est pas pour autant vide : avec la révolution anglaise, le roi d'Angleterre déchu, Jacques II, cousin du roi, y loge avec ses partisans. Abandonné au 18e siècle, le Château Neuf est donné par Louis XVI à son frère Charles d'Artois, futur Charles X. Celui-ci le démolit pour faire reconstruire une nouvelle demeure, mais il n'en a pas le temps car la Révolution Française le fait s'enfuir. Le Château Vieux n'est plus que l'ombre de lui-même : prison pour suspects à cette période, il devient ensuite une école de Cavalerie sous Napoléon Ie, puis un pénitencier durant la Monarchie de Juillet.

On est bien loin d'un musée ! Alors que s'est-il passé ? On peut dire merci à la reine Victoria pour cela. En visite officielle en 1855, elle veut se rendre sur les traces de son aïeul Jacques II (ce dernier a d'ailleurs son mausolée dans l'église face au château). Problème, c'est toujours un pénitencier et il est en très mauvais état. L'histoire veut que Napoléon III mette les prisonniers à contribution avant de les envoyer au bagne. A la même période, l'archéologie se développe et l'empereur permet des fouilles un peu partout en France, et décide de les réunir au château de Saint-Germain. Le décret portant sur la création d'un musée d'antiquités nationales est signé le 8 mars 1862. Bien sûr, le château a besoin de quelques restaurations et les travaux sont confiés à un élève de Viollet le Duc, Eugène Millet. Les sept premières salles du châteaux sont inaugurés par l'empereur le 12 mai 1867 mais les travaux ne se terminent qu'en 1907.

Aujourd'hui, le musée d'Archéologie Nationale expose environ 29.000 objets archéologiques allant du Paléolithique au début du Moyen Âge, sur environ plus de 3 millions d'objets conservés.

Alors écouter cette histoire sur fond d'une vue imprenable, de marcher sur les toits et se sentir privilégié, c'est encore mieux !


Au bout de l'allée se tenait le Château Neuf, aujourd'hui disparu.









Ceci est un ancien bunker nazi ... normal dans le jardin d'un château-musée ! 



Après être redescendu, la visite se poursuit dans la cour puis dans la chapelle crée par Saint-Louis, qui n'est plus aujourd'hui consacrée. On peut s’émerveiller sur la technique de construction laissant place à deux hauts vitraux, et imaginer François Ie et Claude de France se marier ici, tout comme le baptême de Louis XIV. La visite fut très intéressante, notre guide adorable, et au risque de me répéter, cette visite sur les toits était juste géniale.





Après avoir déjeuné dans les jardins avec vue sur le château, nous voici de retour pour visiter le musée. Avant la visite, nous avions exploré la partie Paléolithique, nous avons poursuivi notre progression historique. Le musée est très bien conçu de façon chronologique, à condition de bien suivre sinon on fait à l'envers (un peu comme nous ! ). L'après midi, nous avons continué à l'entresol, du Néolithique à l'âge de fer sur la droite des escaliers avant d'entrer au temps des gaulois. Ce sont des périodes dont je ne connais pas grand chose, les objets exposés sont très intéressants et les cartels expliquent le mode de vie des différents peuples gaulois avant l'invasion romaine. On est assez loin des clichés à la télé ou ce qu'on a pu apprendre dans Asterix (même s'il y a des choses très justes dans la BD).









Un gaulois vu par le 19e siècle

Reconstitution de la bataille d'Alésia




On monte au premier étage et on tourne sur la gauche cette fois-ci pour comprendre la Gaule romaine. Je m'y repère plus, surtout qu'avec mes excursions dans le sud, je visite des sites gallo-romains, comme Ambrussum ! On voit le mode de vie des gaulois évoluer au contact des romains au niveau de la culture, des religions ou même simplement des quotidiens. Notamment en Gaule Narbonnaise (dans le sud de la France pour simplifier) certaines villes s'inspiraient directement de Rome, comme par exemple Nîmes qui avait l'eau courante grâce au Pont duGard. On termine par l'époque mérovingienne, les prémices du Moyen Âge qui présente de somptueux bijoux mais aussi des objets du quotidiens.

Normalement, la dernière salle est l'ancienne salle de bal de l'époque Renaissance (en témoigne l'immense cheminée avec la salamandre), devenue la salle d'archéologie comparée pour comprendre ce qui se faisait à la même période mais sur toute la planète. Je l'avais visité la première fois, c'était très intéressant et ludique, mais celle-ci est fermée pour inventaire jusqu'en novembre.

Les salles romaines en 1900


Ceci est un lion, je ne l'aurais pas deviné !


A l'époque gallo-romaine, porter un pénis en pendentif devait servir à porter chance !








Même si je ne suis pas une grande connaisseuse de ces périodes ou une adepte de l'archéologie, j'ai trouvé le musée instructif et bien conçu. J'ai bien aimé aussi des photos anciennes montrant l'ancienne muséographie du début du XXe siècle, cela témoigne de l'évolution des musées en eux-même. Quelque chose qui m'a bien plu, c'est aussi les plans pour montrer à quoi servait ces pièces à l'époque du château royal. On voit donc qu'à l'entresol (salles gauloises), c'était les appartements des favorites de Louis XIV, que le premier étage (gaule romaine) servait au roi et à la reine. Faits amusants, François Ie avait placé sa maîtresse la duchesse d'Etampes à l'étage royale ... Quant au ministre Colbert, il avait ses appartements en face de ceux de la maîtresse royale ! J'ai trouvé cela ludique et cela permet aussi d'imaginer le château à l'époque où il était habité.

Je reviendrais certainement, pour revoir la salle d'archéologie comparée, pour me promener un peu plus sur le domaine (il faisait trop chaud pour ça) et aussi dans la ville, je suis certaine qu'il y a des petites pépites un peu partout. La dernière fois j'avais trouvé l'ancien logement d'Alexandre Bontemps, premier valet de Louis XIV.

Château-place Charles de Gaulle
78100 Saint-Germain-en-Laye
RER A, Saint-Germain-en-Laye, le château se trouve devant la sortie !

Ah oui, il est gratuit pour les – de 26 ans  

2 commentaires:

  1. J'ai toujours entendu dire que des vestiges gaulois et préhistoriques trouvés non loin de chez moi ont été inventoriés puis placés au musée de St Germain et c'est une grande fierté, d'autant plus qu'ils sont aussi conservés dans le château de naissance de Louis XIV, qui est l'un de mes personnages favoris. En tous cas, ce musée a l'air vraiment passionnant et il est en plus abrité dans un château à l'histoire riche et intéressante. Qui plus est, le lieu est très beau, ce qui ne gâche rien. ^^

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, même si on n'est assez peu fan d'archéologie, je pense qu'on y trouve son compte malgré tout. La visite guidée sur les toi est vraiment intéressante, le tout rend la visite davantage intéressante.

      Supprimer