mercredi 23 décembre 2015

23 décembre 1588 : l'assassinat du duc de Guise


Ca y est, je reviens, et encore avec une mort ! Que voulez vous, les histoires sanglantes m'inspirent et il y a même certaines morts historiques qui m'amusent, comme vous avez pu le constater ! Qui est notre victime de ce jour ? Un homme fort, puissant, au point de se croire au-dessus du roi. Et ce dernier n'a pas hésité à assassiner son rival, quitte à en payer le prix fort après …


Le 23 décembre 1588, le duc de Guise, chef charismatique de la ligue catholique, est assassiné au château de Blois. Un meurtre sanglant, perpétré par huit individus qui ne lui laissèrent aucune chance. Pourquoi ? Pour cela, il faut éclaircir quelques points.

En cet hiver 1588, le roi Henri III convoque pour la seconde fois les États Généraux. Son but ? Contrecarrer le chef de la ligue catholique, Henri de Guise. Mais qu'a fait ce bonhomme ? Oh trois fois rien, il trahit juste le roi de France. En effet, Henri III n'ayant pas d'héritier avec son épouse Louise de Lorraine, il désigne son cousin Henri de Navarre (futur Henri IV), de confession protestante. On se souvient déjà que son mariage avec Marguerite de Valois avait eu comme réjouissances la Saint-Barthélémy. Les ultra-catholiques avaient décidé de se regrouper sous le nom de la Ligue et continuer de massacrer les protestants. Mieux encore, les parisiens préfèrent le Guise à leur propre roi.

Henri de Guise, anonyme, vers 1580 (Musée Carnavalet, Paris)

Mais qui est-il ? Fils de la maison de Lorraine, il descend notamment du grand René d'Anjou, et de la maison de Bourbon par sa mère. Autant dire qu'il n'est pas le pouilleux du coin. Bel homme malgré la balafre au visage qu'il obtint durant une bataille, grand militaire, fils de grande famille, cousin lointain du roi, autant dire qu'Henri de Guise a sa place à la Cour et veut la conserver à tout prix. Il se jette à corps perdu dans les diverses guerres de religion, au côté du futur Henri III et espère connaître la gloire comme son père avant lui. Pour la petite romance, la princesse Marguerite de Valois tombe amoureuse de ce bellâtre et espère l'épouser. Si on cherche un bon parti, on appelle Henri ! Seulement, jugé trop dangereux par Catherine de Médicis, et cherchant à consolider ses liens avec les protestants, Marguerite épousera le protestant, et Guise passera devant l'autel en 1570 avec Catherine de Clèves, une femme forte qui poursuivit les combats de son époux après la mort de celui-ci, et lui donna tout de même quatorze enfants en 18 années ! Ca ne chômait pas à l'époque !

S'il s'était bien tenu, sans doute aurait-il continué à avoir de grand privilège, comme sa charge de grand maître de France, et surtout à vivre. Seulement voilà, farouchement catholique, il refuse que la couronne soit donnée à Henri de Navarre à la mort du roi Henri III, il mène une révolte et s'oppose au souverain. Pire ! Il s'allie avec Philippe II d'Espagne, et signe le traité de Joinville le 31 décembre 1584, où le monarque espagnol s'engage à soutenir la Ligue. Affaibli, Henri III se voit contraint de signer l'édit d'Union le 8 juillet 1588, où il s'engage à faire la paix avec la Ligue et leur donner davantage de pouvoir. Henri de Guise est nommé lieutenant-général du royaume. Autant dire que le souverain n'a pas le choix : pour reconquérir son royaume, il lui faut d'abord tuer Guise.

Henri, encore duc d'Anjou, Jean Delacourt (Château de Chantilly)

Nous revoici donc ce 23 décembre 1588, où le Guise quitte le lit où se trouve deux femmes, et malgré l'avertissement de l'une d'elle, se croit maître des lieux au château de Blois. Il faut dire qu'il a de quoi se réjouir, le roi l'a convoqué dans son cabinet pour un entretien privé. Le Balafré, son petit surnom charmant, se voit déjà connétable de France ! En passant par la chambre royale, le voici pris dans un guet-apens ! Huit membres des Quarante Cinq, la garde personnelle d'Henri III, l'attendait pour l'assassiner ! Transpercé d'une trentaine coups de couteaux, Guise réussit tout de même à blesser quatre de ces adversaires avant de s'écrouler. Quand Henri III revient dans sa chambre, il aurait eu ces mots :
«Mon Dieu, qu'il est grand ! Il paraît même plus grand mort que vivant !»

Le corps est ensuite emmené au bourreau qui le dépèce et fait brûler son corps avant de faire jeter ses cendres dans la Loire. Pour les sacrements religieux tout ça, on repassera. Dans la foulée sont arrêtés le frère, Louis cardinal de Lorraine, exécuté dés le lendemain, le 24 décembre, et son fils, Louis 1e de Lorraine, enfermé au château de Tours d'où il s'enfuira en 1591. Pour ces crimes, Henri III va être excommunié par le Pape et attiser la haine des catholiques. La preuve, il mourut moins d'un an après, le 1e août 1589


Cela peut paraître insensé qu'un meurtre, bien que violent, ait pu engendrer davantage de colère, alors que la mort du chef de la Ligue aurait du calmer les esprits, asseoir l'autorité royale. Si vous voulez voir l'assassinat, je vous propose le court métrage de 1908 dont voici que l'on pouvait voir à une époque au château Blois (dites moi si elle y est encore) :


2 commentaires:

  1. Tes articles de blog complètent souvent mes cours, c'est top ! Je vois à peu près qui il est du coup. C'est toujours un plaisir de retrouver ta plume !

    Passe de bonnes fêtes :-))

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    1. Je suis contente que ça puisse t'aider un peu, on passe un peu vite sur ces événements et les personnalités des protagonistes, c'est dommage !Bonne année à toi :)

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